Le débat sur le système énergétique est vif.
Sans pousser pour un scénario ou un autre, nous voulons alimenter le débat en avançant que 50% d'énergie renouvelable produite localement est techniquement possible sur notre territoire, à certaines conditions.
Pour y parvenir, notre consommation locale doit être bien sûr couverte à la fois par notre production locale et par nos importations d’énergie, qu'il est difficile d'imaginer non nulles.
Mais combien d'énergie voulons-nous consommer ? Et combien d'énergie voulons-nous produire localement ?
Derrière ces deux questions simples se cachent des choix collectifs qui peuvent être complexes. Les contraintes et conséquences peuvent être légales, socio-économiques, physiques, géographiques et même géopolitiques. Pour simplifier ce débat, la CEN propose deux options pédagogiques et un scénario d'équipement concret du territoire :
- Produire au moins la moitié de notre énergie renouvelable localement (et donc importer le reste)
- Diminuer au moins par deux notre consommation d’énergie primaire
Diminuer de moitié la consommation
Diminuer au moins par deux notre consommation d’énergie primaire est la manière la plus simple et la plus économique de réduire globalement notre empreinte écologique et d’assurer notre sécurité d’approvisionnement : moins de panneaux solaires, moins d’éoliennes, moins de lignes à haute tension, la biomasse productible sur le territoire prend plus d’importance dans notre mix…
Cette réduction est à notre portée en combinant l’efficacité énergétique – isolation des habitations, électrification de la mobilité, du chauffage et de certains procédés industriels – et la sobriété – changement de l'organisation collective et des comportements individuels. L’Europe vise pour 2050 une diminution de 39% d’énergie primaire via la seule efficacité énergétique. L’administration fédérale belge vise quant à elle -60% (d’énergie finale) dans son scénario central bas carbone en activant la sobriété, en plus de l'efficacité.
Produire localement au moins la moitié de notre énergie
Produire au moins la moitié de notre énergie localement, c’est augmenter notre sécurité d’approvisionnement et notre résilience. Des perturbations majeures du commerce mondial deviennent en effet bien plus probables avec le changement climatique, favorisant les conflits et les pénuries. Sans parler des évolutions géopolitiques actuelles : l'émergence d'un monde multi-polaire n'est pas gage de stabilité.
En 2020, la Belgique importait environ 95% de son énergie en pétrole, gaz naturel et uranium. Nous sommes donc extrêmement exposés au marché mondial et nous en découvrons les conséquences.
Augmenter l'autonomie énergétique nous semble donc essentiel. Pour ce faire, augmenter les énergies hydroélectriques et biosourcées est une étape importante, mais leur potentiel est limité : on ne peut pas construire un fleuve ou faire apparaitre de nouvelles terres à exploiter. La géothermie comporte des promesses, mais encore non évaluées en Wallonie. Les deux seules énergies renouvelables moins limitées sont l'éolien et le photovoltaïque : leur seule limite est - mise à part celle du réseau - la quantité que nous acceptons d'installer sur nos territoires.
Pourquoi ne pas viser l'autonomie complète ou l’autarcie, le 100% local ? D’une part, ce n’est pas résilient : une catastrophe naturelle locale pourrait endommager nos équipements et organiser la logistique d’importation prend des années. D’autre part, la Belgique est très peuplée et notre territoire a un potentiel limité : le 100% renouvelable local impliquerait soit de saturer nos campagnes d'éoliennes et panneaux solaires, soit de diminuer vraiment drastiquement notre consommation. Ces deux options nous semblent difficiles à mettre en œuvre.
Concrètement dans la région de Namur
Pour appliquer ces deux principes, diminuer de moitié nos consommations et produire localement la moitié de notre énergie, une zone géographique pertinente doit être envisagée et la CEN a choisit celle composée de Namur et des 10 communes qui l’environnent.
Sur cette base, la CEN a estimé le nombre d’équipements nécessaire pour réaliser la production locale d’énergie dans cette région. Voici les équipements nécessaires, chacun pouvant produire 1 tiers de l’énergie locale :
- 150 éoliennes de 4 MW (150 m de hauteur, facteur de charge 22%) OU 85 éoliennes de 6 MW (200 m de hauteur, facteur de charge 26%), alors que la région comporte fin 2023 environ 45 éoliennes de 2-3 MW en moyenne
- 12 panneaux photovoltaïques de 400 W par personne, alors que la moyenne wallonne est à 1,2 panneaux par personne
- Maximiser le potentiel durable en biomasse, hydroélectricité et géothermie sur le territoire, comme nous l’avons clarifié dans notre étude interne (encore non publiée)
Envie d'en débattre ?