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Le compteur communicant : état des lieux du parc installé en Belgique - février 2023

Dernière mise à jour : 9 juil. 2023



L’outil doit remplacer les vieux compteurs mécaniques. Et offrir un tas de perspectives pour la gestion de la consommation et des factures d’énergie. Leur déploiement est bien avancé en Flandre. En Wallonie et à Bruxelles, ça traîne.


L’ASBL Energie Commune (ex-Apere) le résume selon les objectifs : “En Belgique, la Flandre prévoit de remplacer 80% du parc par des compteurs connectés avant fin 2024 et 100% avant 2029, la Wallonie prévoit un objectif de 80% à atteindre avant 2030 pour des niches importantes et SIBELGA prévoit de remplacer tous les compteurs bruxellois avant 2031. “


Pour l’instant, ils sont encore peu nombreux. On les trouve ici et là, chez les détenteurs de panneaux solaires, de voiture électrique, dans les habitations fraîchement rénovées. Mais à terme, les compteurs communicants (on les appelle aussi « intelligents ») sont appelés à s’imposer dans nos caves et couloirs. Le mot d’ordre vient de l’Europe. Leurs caractéristiques ? Ils sont électroniques, digitaux et smart, c’est-à-dire qu’ils communiquent et mémorisent les informations. Ils peuvent donc être connectés au wifi, possèdent différents ports sur lesquels on peut brancher des accessoires, etc.


Bref, on est loin du bon vieux compteur mécanique, avec son disque qui tourne et ses chiffres qui défilent, les compteurs intelligents ouvrent la porte à un large éventail de nouveautés et de possibilités. Leur déploiement a débuté dans le royaume il y a quelques années, il est géré par les gestionnaires de réseau de distribution locaux et est soumis aux cadres réglementaires des régions.


Avec des rythmes très différents, c’est peu dire.


En Flandre, les choses vont bon train : environ un ménage sur trois a déjà un compteur communicant (2.100.000 sont connectés au réseau) et la région vise un équipement de 80 % en 2024.


Même objectif fixé à Bruxelles et en Wallonie, mais pour… 2030 ! Dans le sud du pays, on en est à environ 155.000 compteurs installés et 40.000 à Bruxelles.


Autre différence : au Nord, on installe des compteurs communicants pour l’électricité et le gaz, ailleurs, ce ne sont quasiment (exclusivement à Bruxelles) que des compteurs pour l’électricité. A chacun son timing donc, mais aussi ses modalités d’installation et de fonctionnement.


Installation gratuite, parfois systématique


Petit arrêt en Wallonie d’abord, où les gestionnaires de réseau Ores et Resa (principalement) sont aux manettes. Ici, le placement de l’outil est financé par une prime de 154 euros octroyée par la Région aux ménages. Pour eux, c’est donc gratuit (sauf s’il faut installer un coffret en plus - ça coûte une soixantaine d’euros – ou que le client a besoin d’un compteur nuit, par exemple). N’importe qui peut en faire la demande, mais les GRD équipent systématiquement les nouvelles constructions.


Resa ajoute également les nouveaux prosumers et les clients possédant des bornes de recharge rapides pour véhicules électriques.


Sa consommation à la loupe


Une fois le compteur installé, quelles possibilités ? L’outil permet d’abord de ne pas devoir ouvrir la porte au professionnel qui vient relever une fois par an l’index de votre compteur. L’opération peut se faire à distance. C’est déjà le cas en Flandre et en Wallonie.

Autres avantages : les démarches administratives sont facilitées lors d’un déménagement, l’outil permet également aux personnes qui ont des compteurs à budget de prépayer à distance et donc d’être moins stigmatisés.


Mais le gros atout, plus évident encore, des boîtiers nouvelle génération : « Ils permettent inévitablement d’avoir une meilleure vue sur sa consommation d’énergie ou sa production quand on a des panneaux », pointe Thomas Defawe.


Grâce à eux, les gestionnaires de réseaux peuvent en effet connaître la consommation du ménage tous les quarts d’heure pour l’électricité et toutes les heures pour le gaz.


« Il sera donc possible de réaliser des économies en adaptant sa consommation ou en identifiant une consommation anormale », souligne Frederic Boogaerts, le porte-parole d’Ores. Stéphane Bocqué, le porte-parole de la FEBEG, la fédération qui représente les fournisseurs d’énergie, acquiesce. « Si on avait eu plus de compteurs intelligents durant la crise énergétique, les gens auraient pu constater les résultats de leur effort de sobriété énergétique de façon plus dynamique. »


Tout bon aussi pour l’écologie donc.


Mais pour l’instant, pas d’emballement : cette possibilité n’est pas encore en place partout.


Les clients de Resa en revanche peuvent déjà suivre certaines données. « Grâce à l’outil “MaConso”, nos clients peuvent retrouver les infos quart-horaires, ils peuvent également comparer des périodes de consommation d’une année à l’autre ou d’un mois à l’autre. L’outil reprend également la température qu’il faisait à la date choisie », détaille Charlotte Quevedo, l’attachée de presse de l’entreprise publique.


Des accessoires déjà disponibles


Mais que les Bruxellois et la grande majorité des Wallons ne se morfondent pas pour autant. Le compteur intelligent offre des possibilités qui ne dépendent pas des GRD. Ainsi, il est possible de brancher au boîtier (via le fameux port P1) des accessoires qui permettent déjà de transmettre via wifi les informations instantanées du compteur. On les trouve via les fournisseurs ou dans le commerce, à des prix variables qui débutent à moins de cent euros (avec parfois le coût d’un abonnement en plus). Leur liste et leurs caractéristiques sont répertoriées sur le site maconsosouslaloupe.be. Certains donnent une vue sur la consommation par minute. « Ce genre de petit accessoire, configuré avec un gestionnaire de charges, permet réellement au client prosumer par exemple de pouvoir charger son véhicule électrique lorsqu’il y a du soleil et quand un nuage passe au-dessus des panneaux, de diminuer la puissance de recharge du véhicule électrique et ainsi faire en sorte qu’il est le plus autosuffisant possible », explique Thomas Defawe.


Exemple d’une application qui fonctionne avec un compteur, grâce aux informations instantanées transmises via wifi.



Déjà des factures mensuelles réelles en Flandre


Si le déploiement et la mise en œuvre des compteurs communicants dépendent des gestionnaires de réseaux, la facturation, elle, reste entre les mains de votre fournisseur d’énergie (qui reçoit les informations du GDR).


Les nouveaux compteurs vont permettre une meilleure communication entre les deux. Et avec une vue sur la consommation quasi en temps réel, se pose évidemment la question d’une facturation réelle plus souvent qu’une fois par an. Par mois notamment.


Une fois encore, la Flandre a une longueur d’avance, puisque les fournisseurs proposent déjà cette possibilité là-bas. « Car la masse critique du nombre de compteurs intelligents est atteinte pour proposer ce service. Ce n’est pas le cas en Wallonie et à Bruxelles où le niveau de déploiement est très faible », explique Stéphane Bocqué. Mais est-ce vraiment avantageux de payer ses consommations réelles directement ? Le débat est ouvert. Une facturation mensuelle permet de mieux gérer (ou en tout cas différemment) son budget et ses consommations. Mais le système d’acompte a aussi quelques atouts. « Il permet de lisser les dépenses énergétiques sur une année », pointe Stéphane Bocqué, qui rappelle que l’on consomme plus de 80 % de son gaz sur six mois, entre octobre et mars. Pour l’électricité, c’est moins variable. « Avec l’acompte, vous n’allez pas payer des sommes fantastiques en hiver et plus rien en été. Il y a une stabilité. » D’ailleurs, la formule par mois aurait peu de succès dans le Nord du pays. « C’est le client qui doit faire la demande. Selon mes derniers échos, environ 20.000 clients seulement font appel à ce service. »


Extrait d’un article - Le Soir 03-02-2023 - Cécile Danjou

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